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On le prenait pour un fou 

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Dans ce récit fictif, nous attirons l’attention des citoyens maliens sur la vérité que peuvent contenir certaines rumeurs et annonces, qui traduisent le plus souvent les vérités qui se discutent dans les coulisses. Certaines d’elles constituent des tests auprès du peuple.

Mal propre, se promenant de rue en rue, de quartier en quartier, souvent tout nu ou portant des habits poussiéreux et déchirés, le fou n’est pas à présenter. En quelques mois, il s’est fait connaitre dans le milieu. Nul ne le considère et il ne considère personne ; certains le fuit, car le pensant agressif, lui aussi fuit d’autres qu’ils considèrent ses bourreaux ; on le prend pour un fou, lui aussi prend les autres pour des fous.

« L’officiel devient l’officieuse »

Un conflit entre deux mondes, ou plutôt deux consciences qui ne se comprennent pas et qui se fuient, se fermant ainsi des portes de la connaissance. C’est parce qu’il possède la couverture de fou que ces paroles ne sont pas prises au sérieux.

Sachant cela, on ne lui cache pratiquement rien. Il a la chance d’apprendre les décisions censées être un secret jusqu’à un certain moment. Puisqu’il est fou, tout se discute devant lui. De toute façon, nul ne le croira même s’il révélait ce qu’il avait appris.  

Certains n’hésitent pas à l’utiliser pour recueillir l’avis de leurs frères sur des décisions d’intérêt personnel dont ils ont peur de prendre. Par le fou, l’officiel devient l’officieuse. Ses grandes annonces ne sont nullement considérées et sont vite rejetées dans les poubelles de l’histoire.

Candidature annoncée

Pourtant, le changement brusque de condition de vie du fou a surpris plus d’un. On raconte qu’un richissime l’a recueilli et a décidé de l’entretenir. Un homme de confiance du peuple, parce qu’il a contribué à la libération de ce peuple et a promis de ne rien faire sans la « volonté générale ». Malgré tout, le fou a continué ses annonces, insensées pour les autres. Il finit par annoncer la candidature de son désormais bienfaiteur. Comme d’habitude, nul ne le prend au sérieux malgré qu’il soit chef d’un mouvement pour soutenir cette candidature.

Cette annonce forte n’a nullement alerté les citoyens de ce pays qui ont continué à rester aveugles en le prenant pour un fou et  en ayant une confiance injustifiable au richissime bienfaiteur du fou.

« Défendre son intérêt »

Mais les hommes avaient juste oublié que la vérité sort généralement de la bouche des fous. Avec ce statut, l’on peut faire de grandes révélations sans craindre subir de conséquences. « Foto Ké Kérifa » (le fou Kérifa) dans le théâtre « SIA » en est un exemple parfait du type.

Cette grande annonce illégale, qui ne visait qu’à recueillir l’avis des citoyens sur le sujet, peinait à être compris par les uns et les autres. Pratiquement, nul n’a réagi. En attendant, l’association du fou des Autres poursuit sa campagne de sensibilisation. Les hommes ne seront pas surpris, à leur réveil, de voir le fou dans un poste stratégique de leur État. En ce moment, il sera trop tard. Ils comprendront ainsi que tous les moyens sont bons pour parvenir à ses buts. Mais le bienfaiteur du fou avait oublié que les hommes n’accepteraient pas l’officialisation de sa position.

Le fou n’était point un insensé. Il ne l’a jamais été. Il a toujours su ce qu’il voulait ; comment défendre son intérêt.    

Fousseni Togola


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